Agnès Bihl
L'enfer sans bruit, sans faire de cris
Et rien à dire sauf à hurler
C't un sale quart d'heure au coin d'une vie
Quelques s'condes de cauchemar bâclé
Ça s'est passé à toute violence
Très vite, très mal, taché, torché
Et sans un mot et en silence
La haine ça n' se dit pas, ça s' fait.
Ça s' joue à la queue leu leu
Pique et pique et sans raison
Ainsi font et sauve qui peut
Trois p'tits coups, et puis s'en vont.
Et s' récurer, s'essuyer l' cœur
Passer par le pire de l'hygiène
S' désinfecter de l'intérieur
Et s' rhabiller là où ça saigne
C'est tout c' qui reste d'un rire plein d' sang
Gratter, frotter, sécher ses bleus
Des cuisses qui veulent serrer les dents
Et l' ventre qui peut qu' fermer les yeux.
Ça pirouette à la sauvette
Pique et pique et sans raison
Piquent, niquent et galipettes
Trois p'tits coups et puis s'en vont.
Plus qu'une sueur panique à punir
Plus qu'un silence sourd à tue-tête
Peut-être hurler, surtout rien dire
Juste se taire jusqu'à perpète
Et pour un flirt avec l'enfer
Y reste qu'un deal avec le pire
Et pour trois secondes de foutre en l'air
C'est plus qu'une vie de haine à jouir.
Ça s' tire d'elle à bout portant
L'estomac dans l' pantalon
Ainsi font le viol au vent
Trois p'tits coups et puis s'en vont.
Plus qu'à prendre sa rage à deux mains
Sa honte dans l'autre, sa rogne en poche
Torcher son amour propre à rien
Et s'interdire d'être aussi moche
Et s'interdire d'être aussi crasse
C'est que d' l'injustice à soi-même
Et surtout s' regarder en face
Surtout laisser purger sa haine.
Ça s' joue à la queue leu leu
Pique et pique et sans raison
Ainsi font et sauve qui peut
Trois p'tits coups, et puis s'en vont.
Trois p'tits coupables en prison
Bisque rage et garde fous
Trois p'tits cons n'enfermeront
Triple tour et puis c'est tout
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