dimanche 8 mai 2011

Agression de Lara Logan : la journaliste se confie à la télévision



Corbis
La journaliste de CBS Lara Logan, qui avait subit une violente agression le 11 février dernier lors d’un reportage au Caire, a décidé de revenir sur son calvaire dans l’émission 60 minutes. 

Laetitia Reboulleau 

Le 11 février dernier, Lara Logan et son équipe préparaient un sujet sur la contestation ayant conduit à la chute d’Hosni Moubarack pour le journal télévisé de CBS, quand ils ont été violement pris à partie par une foule survoltée. La jeune femme a été séparée de son équipe et de son garde du corps par un groupe d’hommes, qui ont alors entrepris d’arracher ses vêtements. Pendant près de 30 minutes, elle subit des violences et des attouchements par plusieurs dizaines de personnes, avant d’être finalement secourue par un groupe de femmes et de militaires égyptiens.

Plutôt que de garder son calvaire pour elle, Lara Logan a décidé de mettre à profit son agression, afin de mettre en avant les violences régulièrement subies par les femmes journalistes de guerre et de briser la loi du silence. Un témoignage diffusé dans l’émission 60 minutes sur CBS, dans lequel elle raconte en détail et sans tabou l’agression qu’elle a subie :

« J’ai su après l’agression que les hommes autour de moi disaient « Arrachons lui son pantalon ». J’ai rapidement senti des mains sur mon corps, celles de plusieurs personnes. Quand j’ai été séparée de mon équipe, j’ai crié, pensant que la foule se rendrait compte qu’il se passait quelque chose de mauvais, mais plus je criais, plus cela les excitait. (…) Mon tee-shirt était autour de mon cou, ils ont littéralement déchiré mon pantalon avant d’arracher mes sous-vêtements. (…) Je n’ai même pas senti qu’ils me frappaient, la seule chose à laquelle je pouvais penser était leurs mains qui me violaient, encore et encore. (…) A ce moment là, Ray (son garde du corps, ndlr) me retenait encore par la manche. Quand il m’a lâchée, j’ai cru que c’était la fin. J’ai vu dans ses yeux qu’il pensait que j’allais mourir. J’ai vraiment cru que j’allais y rester. (…) Puis j’ai pensé à mes enfants, je me suis dit que je ne pouvais pas abandonner comme ça, que je devais me battre pour eux. Je devais penser à rester vivante avant tout. (…)La foule me portait, et j’ai brusquement atterri au milieu de ses femmes entièrement voilées. Elles m’ont protégée, prise dans leurs bras et ont appelé les soldats à l’aide. Je n’étais plus seule. Quand ils sont arrivés et ont commencé à repousser la foule, je me suis enfin dit que j’avais peut-être une chance de survivre. (…) J’ai attrapé un soldat, je ne voulais plus le lâcher. Il m’a prise sur son dos, et m’a ramenée près de mon équipe ».

Après avoir consulté un médecin égyptien, Lara Logan est rapatriée aux Etats-Unis avec son équipe. Elle passera quatre jours à l’hôpital : ses muscles, ses ligaments et ses tendons sont abîmés, et elle souffre de contusions multiples ainsi que de blessures intimes.

Elle a cependant repris le travail très rapidement, souhaitant ne pas se laisser abattre par son agression. Les producteurs de CBS ainsi que toute la rédaction ont salué la force de caractère de la jeune reporter, soulignant le fait qu’elle était « brillante, courageuse et engagée ».

Dès son hospitalisation, elle avait fait savoir qu’elle rendrait public son témoignage, afin de venir en aide à toutes ces femmes victimes chaque année de violences sexuelles : « Lorsque vous êtes victime de violence sexuelle, vous n'avez que votre parole. Les blessures guérissent et vous n'avez plus la preuve physique de votre agression, contrairement à ceux qui perdent une jambe ou un bras en Afghanistan, par exemple ».


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Publié le 02 mai 2011 à 08h27 | Mis à jour le 02 mai 2011 à 08h27

Lara Logan, une journaliste courageuse

Lara Logan a été agressé sexuellement place Tahrir, pendant la préparation d'un reportage.

Photo: AP
«Lorsque vous êtes victime de violence sexuelle, vous n'avez que votre parole. Les blessures guérissent et vous n'avez plus la preuve physique de votre agression, contrairement à ceux qui perdent une jambe ou un bras en Afghanistan, par exemple.» Ces paroles sont celles de Lara Logan, cette journaliste du réseau CBS qui a été agressée sexuellement le 11 février dernier, place Tahrir, alors qu'elle préparait un reportage sur la chute du président égyptien Hosni Moubarak.
La journaliste a été séparée de force de son producteur et de son garde du corps et, selon elle, de 200 à 300 hommes l'ont agressée avant qu'on réussisse à la tirer de là. Elle était convaincue qu'elle allait mourir.
Hier soir, Lara Logan a raconté son cauchemar à l'émission d'affaires publiques 60 Minutes, sur le réseau CBS.
L'agression dont la reporter a été victime n'est pas le genre de sujet dont on parle beaucoup dans les écoles de journalisme. L'image des correspondants à l'étranger est pas mal plus glamour, oscillant entre Tintin et Anderson Cooper 
Au cours des dernières années, plusieurs journalistes ont pourtant été blessés, kidnappés, assassinés. On pense à Daniel Pearl, du Wall Street Journal, au caméraman Charles Dubois, de Radio-Canada, qui accompagnait Patrice Roy en Afghanistan et qui a perdu une jambe, ou, plus récemment, au photographe et documentariste Tim Hetherington, qui est mort en Libye. De telles agressions font les manchettes, mais on parle rarement de viol.
Pour cette raison, Lara Logan a confié qu'elle avait décidé presque sur-le-champ qu'elle parlerait publiquement de son histoire. Elle dit le faire au nom des autres journalistes et des millions de femmes sans voix qui sont victimes d'attaques comme la sienne, ou pire encore.
L'engagement de Lara Logan à l'endroit des journalistes victimes de violence ne date pas d'hier. Depuis 2008, elle milite au sein du Committee to Protect Journalists (CPJ) et elle a déjà mené une collecte de fonds pour payer les soins médicaux d'un journaliste irakien qui avait subi des blessures dans le cadre de son travail. Toujours au sein du CPJ, elle siège à un comité responsable d'offrir un soutien, financier ou autre, aux journalistes victimes de violence et de répression dans leur pays.
La jeune femme était donc déjà sensibilisée à la question de la violence faite aux journalistes. Or, elle a confié au journaliste du New York Times, Brian Selter, qu'elle ignorait à quel point les femmes étaient victimes de harcèlement et de violence en Égypte et dans plusieurs pays du Moyen-Orient. Un aveu surprenant de la part d'une journaliste, puisque même les touristes qui ont déjà visité l'Égypte racontent à quel point les femmes occidentales se font harceler dans la rue. Le fait que Mme Logan n'était pas assez informée des dangers qu'elle courait met en lumière le manque de préparation des journalistes féminins qui se rendent en zone dangereuse. Même le Committee to Protect Journalists a reconnu que son guide, mis à jour en 2003, passait ces risques sous silence et a promis de remédier à la situation dans sa prochaine édition.
Il aura malheureusement fallu cette odieuse agression pour qu'on reconnaisse l'importance d'offrir une formation spécifique sur cette question. Il faut maintenant souhaiter que les médias le reconnaissent rapidement et offrent une telle formation à leurs reporters féminins.
Quant à Lara Logan, elle est retournée au travail. La journaliste assure qu'elle va continuer à pratiquer son métier dans des zones dangereuses, mais qu'elle attendra avant de retourner au Moyen-Orient. Chose certaine, son nom est désormais synonyme de courage au féminin.
Open File Montréal est en ligne
La section montréalaise du site d'information locale et citoyenne Open File a commencé à publier des articles. Parmi les premiers sujets traités, la semaine dernière: la grogne des commerçants du Quartier des spectacles, le point sur les poules urbaines et l'avenir de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus. On rappelle le concept: les internautes proposent des sujets et Open File affecte un journaliste si son équipe juge que l'histoire est digne d'intérêt. L'histoire peut être complétée et enrichie au fil des jours. La formule fonctionne déjà dans d'autres villes canadiennes comme Ottawa et Toronto. On verra si les Montréalais apprécient cette initiative. Pour en savoir plus :montreal.openfile.ca



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2 mai 2011
Viols révolutionnaires

Par Sophie Langlois


Je suis coupable. Coupable d'avoir, en pensées, tenté de minimiser le terrible viol subi par la journaliste de CBS, Lara Logan, à la Place al-Tahir au Caire, le 11 février dernier.

C'était un soir historique. Les révolutionnaires venaient de réussir l'impossible : faire tomber le dictateur Hosni Moubarak. « Un cas isolé » me suis-je dit, quand j'ai lu trois jours plus tard le communiqué annonçant le cauchemar vécu par ma collègue américaine.

Je ne voulais pas assombrir le souvenir de ces belles Égyptiennes découvrant leur droit de parole, se libérant de la camisole de force du régime. De cette « Place de la Libération », je souhaitais garder intactes les images magnifiques d'un peuple qui se libère. J'avais été émue aux larmes par le courage, l'immense soif de liberté de ces pères et mères de familles qui osaient dire leurs souffrances pour la première fois de leur vie. Et, pourtant, je savais.

Je savais qu'en Égypte, au moins deux femmes sont violées chaque heure.

55 viols par jour sont déclarés dans ce pays où le port du voile est presque une obligation sociale. Quand on sait que trois quarts des victimes de violence sexuelle gardent le silence, cela donne une idée de l'ampleur du fléau. Pendant que Lara Logan se faisait agresser par des douzaines d'hommes déchaînés sur la Place al-Tahir, des Égyptiennes étaient aussi violées, peut-être juste à côté.

Des cyniques vont accuser Lara Logan de jouer la victime, d'attirer des cotes d'écoute avec un témoignage-choc, larmoyant. Je suis convaincue du contraire. Il faut un courage fou, ici aussi, pour raconter un viol devant une caméra, devant des collègues et des patrons qui, inévitablement, vont la juger.

Dans l'entrevue qu'elle accordait hier à ses collègues de 60 minutes sur CBS, Lara Logan dit qu'elle ne savait pas à quel point la violence sexuelle était répandue en Égypte. J'ai perçu cette déclaration comme une forme d'excuse, comme si elle disait « si j'avais su, je n'y serais peut-être pas allée ». C'est un réflexe d'auto-défense, pour éviter les jugements lapidaires de ceux qui pensent que nous n'avons « pas d'affaires là »... que les mères de famille qui prennent des risques sont irresponsables.

Je suis convaincue que même en connaissant les chiffres effarants sur la violence subie par les Égyptiennes, Lara Logan n'aurait pas hésité une seconde à sauter dans l'avion pour aller couvrir une révolution en direct.

Je connaissais le fléau de la violence sexuelle en Égypte. J'étais au Caire 10 mois plus tôt pour tourner un documentaire sur les femmes dans le monde du soccer. Nous avions jonglé avec l'idée d'aborder ce sujet. En Égypte, 40 % des femmes disent être harcelées quotidiennement. Mais quand j'étais sur la Place al-Tahir à couvrir la révolution, j'ai complètement oublié ces chiffres.

Quand nous avons appris le viol de Lara Logan, mon conjoint a réagi en disant : « cela aurait pu t'arriver ». Je me souviens avoir répondu, en secouant la tête : « je ne me suis jamais sentie en danger en tant que femme sur la Place al-Tahir. Au contraire, c'est le seul endroit où l'on se sentait en sécurité. Notre caméra nous attirait du trouble, pas ma féminité ». J'en étais fermement convaincue. Je me trompais royalement. À force de vouloir rassurer nos proches et nos patrons, on finit par se convaincre qu'on n'est pas plus en danger qu'un homme. On finit par ne plus voir les dangers qui guettent les femmes journalistes. C'est pourquoi l'intervention publique de Lara Logan est importante.

Lara Logan dit vouloir briser le silence sur les agressions et les risques d'agressions sexuelles contre les journalistes, incontournables sur certains terrains. Il sera peut-être plus facile de le faire lorsque l'on s'intéressera autant à l'apparence de nos collègues masculins et au sort de leurs enfants.

Beaucoup de commentaires ont été faits sur la beauté de Lara Logan. J'ai entendu des collègues dire qu'il était irresponsable de la part de CBS d'envoyer une « belle blonde » couvrir ce genre d'événement. D'autres journalistes autour de moi – pas que des hommes – ont dit qu'elle était trop maquillée, pas assez habillée... Comme si une femme laide couverte d'une poche de patates était plus appropriée pour faire le métier de correspondante. Manifestement, les agressions sexuelles créent un malaise dans les salles de rédaction. Je m'en rends compte pour la première fois.

Quand un homme revient d'une affectation dangereuse, on le glorifie, on lui demande comment il s'en est sorti, rarement s'il a des enfants. Deux photographes sont morts en Libye la semaine dernière. Les a-t-on jugés parce qu'ils laissent des enfants dans le deuil? Quand une mère de famille couvre un conflit, ses qualités maternelles sont mises en doute. Quand on ne jugera plus les mères qui couvrent des révolutions, ou quand on jugera les pères autant que les mères, il sera peut-être plus aisé de parler des risques « féminins » du métier.  



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Ils ont sauvé la reporter de CBS agressée sexuellement au Caire
Par Sonia Dridi | Journaliste | 03/05/2011 | 12H05

Rue89 a recueilli les témoignages exclusifs du médecin et du soldat qui ont défendu Lara Logan contre une centaine d'Egyptiens.

Le 11 février, à l'écart de la place Tahrir au Caire, quelques heures après l'annonce de la démission d'Hosni Moubarak, Lara Logan, journaliste américaine de CBS, est molestée, agressée par une centaine d'hommes.
Deux semaines plus tard, Omar Weshahy, jeune médecin de la place révolutionnaire et témoin de l'agression, me présente Ahmed Salah, le soldat qui a extirpé la reporter d'une foule sans pitié.
Celle-ci a raconté son calvaire jeudi dans l'émission « 60 minutes » de sa chaîne, brisant le silence qui entourait cet épisode honteux de la révolution égyptienne. Nous pouvons aujourd'hui publier les témoignages, exclusifs, de ceux qui l'ont sauvée.

Lara Logan : « Ne vous inquiétez pas, je suis reporter de guerre »

Ce 11 février au soir, les Egyptiens célèbrent un moment historique et inespéré, dans une ambiance triomphale. Malgré la cohue, Omar Weshahy remarque la journaliste blonde, élégante même en veste de jogging, près de l'hôpital de fortune où il se trouve. Elle est entourée d'hommes, attirés par l'une des rares étrangères présentes à Tahrir ce soir-là, qui la sollicitent pour des photos. Lara Logan se prête au jeu.
Mais le jeune médecin de 27 ans, employé au Cairo University Hospital, a passé 18 jours et 15 nuits sur la célèbre place et selon lui, ces Egyptiens « n'ont pas vraiment l'air de révolutionnaires ». Aussi, il connaît bien son pays, où le harcèlement sexuel est répandu.
Il interpelle alors la journaliste pour lui recommander de se méfier de ces hommes qui, lui assure-t-il, veulent la toucher. Mais, habituée à des terrains plus chauds, Lara Logan, 39 ans, lui répond :
« Ne vous inquiétez pas, je suis une reporter de guerre. »
Omar sent que la situation peut très vite dégénérer et demande à une amie de convaincre Lara de les rejoindre. Ce qu'elle finit par faire. Mais le médecin, comme tous les révolutionnaires ce soir- là, est encore sous le coup de l'euphorie et court partout.

Quelques minutes plus tard, le jeune homme en blouse blanche se rend compte que « l'Américaine » a quitté les lieux. Il la retrouvera près de 45 minutes plus tard, entourée de centaines d'hommes « affamés ».

Sur un char, un soldat prévenu d'une « énorme bagarre »

Lara Logan et son équipe s'arrêtent un moment sur la place lorsque la batterie de la caméra s'éteint. C'est là que le « fixeur » égyptien du groupe entend des hommes dire vouloir déshabiller la journaliste. En quelques instants, la situation devient incontrôlable et Lara Logan disparaît sous une foule en furie.
Les quelques hommes qui la prennent à parti sont bientôt rejoints par des dizaines d'autres. Des attroupements extrêmement rapides et impressionnants, par simple curiosité souvent, bien connus de ceux qui ont participé à l'une des nombreuses manifestations place Tahrir.
Ahmed Salah (à gauche sur la photo ci-dessous), posté sur son char près du musée du Caire, entouré de milliers de personnes, est finalement prévenu par la police militaire qu'une « énorme bagarre » a éclaté.

Le soldat rejoint alors le centre de la place. Un autre militaire, Ahmed El Wakil (à droite sur la photo ci-dessus), a réussi un peu plus tôt à faire sortir de la foule le producteur de Lara et à l'amener à l'abri, à l'intérieur du musée du Caire.
C'est lorsque ce dernier, totalement paniqué, passe devant l'hôpital et se met à crier « Mon amie ! mon amie ! » qu'Omar comprend qu'une autre personne est cachée sous la foule. Plus de 200 hommes selon le jeune médecin.
Avec trois collègues, il rejoint alors le troupeau et distingue Ahmed Salah, qu'il connaît pour l'avoir déjà soigné pendant la révolution.

La foule : « C'est une espionne israélienne ! »

Le jeune soldat décide de « foncer dans le tas » et, malgré les coups, parvient à atteindre la journaliste effrayée, qu'il retrouve nue, les vêtements violemment arrachés par les mains déchainées d'hommes surexcités. Une arrivée tardive mais salvatrice.
La journaliste a révélé dans l'interview donné à sa chaîne télévisée qu'elle a dû « se concentrer pour rester en vie ». Sa torture a duré environ vingt-cinq minutes.
Omar, témoin de la scène, est sous le choc. Il s'apprête à lui tendre sa blouse mais une jeune femme retire son abaya noire pour couvrir la journaliste, à bout de force.
Ahmed porte alors Lara Logan sur son dos et se presse vers son char, suivi par la foule en délire. Une fois arrivée au véhicule militaire, Lara est glissée à l'intérieur, mais la marée humaine continue de réclamer la journaliste et campe autour du char. Certains le secouent, d'autres tentent d'y pénétrer. Beaucoup crient : « C'est une espionne israélienne ! »
Finalement, après une quinzaine de minutes, les soldats assurent à la foule que la femme tant désirée a quitté les lieux. Omar fait mine de s'en aller. La foule, sûrement exténuée par sa folie, s'éparpille et une fois l'attention retombée, une voiture de la police militaire récupère Lara et son équipe pour les ramener à leur hôtel.

Ahmed, le soldat : « Cela n'a rien à voir avec la révolution ! »

Omar retrouve Ahmed, debout, en pleurs. Il n'en revient pas :
« Comment peuvent-ils faire cela à une femme, cela n'a rien à voir avec la révolution ! »
Il emmène alors le soldat au musée égyptien pour l'examiner. Battu par la foule, il souffre d'un traumatisme testiculaire. Et le traumatisme psychologique n'est pas moindre. Deux semaines après cette terrible agression, Ahmed, discret et humble, accuse encore le coup.
Il en a vu des choses pendant la révolution mais il ne comprends toujours pas comment des hommes ont pu s'acharner avec tant de sauvagerie sur une femme. Il se dit également gêné et fâché que cette affaire ait donné une mauvaise image de l'Egypte.
C'est ce que pensent d'ailleurs de nombreux jeunes révolutionnaires, profondément désolés d'une telle agression et terriblement énervés contre ces fauteurs de trouble, venus ternir leur révolution, l'un des plus beaux soirs de leur vie.

Omar, « spécialisé sur le harcèlement sexuel à Tahrir »

Depuis la chute de Moubarak, Omar a reçu à l'hôpital d'autres femmes agressées lors des vendredis de manifestations. A tel point qu'il déclare à moitié ironique et sincèrement peiné :
« Je vais me spécialiser sur le harcèlement sexuel à Tahrir ! »
La rencontre avec Ahmed, durant son service, est écourtée par l'un de ses supérieurs lui ordonnant de ne pas parler aux journalistes. Mais juste avant, Ahmed qui se dit tout de même fier d'avoir sauvé la reporter des griffes d'une foule sans pitié, glisse malicieusement :
« J'ai entendu qu'Obama l'avait appelée, mais il ne m'a pas appelé moi ! »
Photos : Omar, médecin de la place Tahrir, signe des autographes sur les drapeaux de révolutionnaires, le 11 février 2011  ; Ahmed Salah, Omar Weshahy, Ahmed El Wakil, place Tahrir, devant le musée du Caire, le 25 février 2011 (Sonia Dridi).
Source : http://www.rue89.com/caire-annee-zero/2011/05/03/ils-ont-sauve-la-reporter-de-cbs-agressee-sexuellement-au-caire-202234

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