dimanche 28 août 2011

J'ai été abusée par mon frère pendant sept ans. Pour mes parents, c'est du passé et je ne peux plus en parler. Mais je le vis mal.


Par Sylviane Larose (www.servicevie.com)

J'ai été abusée par mon frère depuis l'âge de 7 ans jusqu'à celui de 14 ans, moment où j'ai compris de quoi il s'agissait et mis un terme à tout ça. J'ai maintenant 21 ans. L'an dernier, j'ai été hospitalisée pendant trois mois pour dépression. J'ai écrit une lettre à mes parents dans laquelle je leur ai tout dit. Ils ont d'abord nié. J'ai suivi des thérapies familiales. Mais pour mes parents, c'est du passé, et je ne peux plus en parler. Je le vis mal. Le sexe ne m'apporte pas de plaisir. Si un homme me propose d'aller boire un verre, j'ai toujours en tête que c'est pour me faire quelque chose. J'ai l'impression d'être celle qui n'arrive pas à s'en remettre, que ça ne sert à rien d'en parler, que personne ne peut comprendre, que les gens me jugent ou se moquent. J'avais prévu aller voir une sexologue, mais des remises en question et la peur d'être jugée m'ont fait faire marche arrière au dernier moment. J'ai déjà consulté plusieurs psychiatres et psychologues qui ne m'ont pas trop aidée, ou un peu, mais qui tenaient toujours le même discours...

Malheureusement, cela ne se fait pas aussi facilement. Les sévices ont duré longtemps, et l'absence de soutien de votre famille vous envoie le message que vous faites un plat avec quelque chose qui n'est pas si important.

Vous vivez des problèmes relationnels et sexuels qui vous amènent à vous isoler. Vous semblez aussi croire que vous êtes faible parce que vous n'arrivez pas à les surmonter. Votre difficulté est celle que vivent de nombreuses personnes qui ont subi de tels sévices. On ne fait pas qu'oublier et passer à autre chose. Bien des gens essaient, mais les souvenirs continuent de faire partie de leur vie. Ces expériences ont des conséquences sur la perception de soi et des autres, sur la relation de confiance et la façon de voir la sexualité en général. Il est donc normal que vous éprouviez les difficultés dont vous parlez. 

La façon dont votre mère et votre père vous traitent vous amène à croire que vos problèmes sont ridicules, et vous paraissez croire que tout le monde réagira de cette façon. Vous semblez avoir intégré la perception de vos parents, qui ne reconnaissent pas votre souffrance, ce qui vous porte à douter de la légitimité de ce que vous ressentez.

Vous craignez même qu'un thérapeute trouve votre détresse ridicule. Vous ne seriez pourtant pas la première personne à consulter pour cette raison. De nombreux professionnels se sont penchés sur la question parce que ce problème émerge souvent lors de consultations. 

Sachez que les sévices sexuels ont des conséquences importantes sur différents plans chez la majorité des personnes qui les ont subis. Plusieurs ont de la difficulté à faire confiance et vont même parfois avoir du mal à entretenir des relations d'amitié. Vous vous êtes isolée, et cela fait partie du problème. De plus, vous craignez qu'on se moque de vous, ce qui rend d'autant plus ardu de s'épanouir dans n'importe quelle relation.
Prenez le temps de contacter des sexologues et de parler un peu avec eux. Vous verrez si vous êtes à l'aise lors d'une conversation téléphonique. Par la suite, allez consulter. Aucun thérapeute ne se moquera de la souffrance que vous vivez. Elle est réelle et c'est la vôtre. Tenter de faire comme si elle n'était pas là ne vous aidera aucunement. Je vous souhaite bonne chance et du courage dans votre démarche.

Source : http://styledevie.sympatico.ca/amour/vie_couple/jai_ete_abusee_par_mon_frere_pendant_sept_ans_pour_mes_parents_cest_du_passe_et_je_ne_peux_plus_en_parler_mais_je_le_vis_mal_/ae756329

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