mercredi 20 avril 2011

Rencontre avec Maritée, Auteure du Livre « Ma vie En pièces détachées »

 
J’ai eu le plaisir de discuter avec Maritée à son retour de France où elle présentait son livre lors d’un colloque sur les violences sexuelles.

D : Bonjour Maritée. Tu participais au colloque de l’association « Mémoire Traumatique et Victimologie » à Paris le 10 novembre et y présentais ton livre… Comment cela s’est-il passé? Comment ton témoignage et ton livre ont-ils été reçus?
M : Tout d’abord, il me faut préciser que la présidente de l’association qui a organisé ce colloque est la Dr Muriel Salmona, psychiatre et chercheure en victimologie. Elle a lu  mon livre, a dit qu’il illustrait en tous points ses travaux et en a écrit la préface pour une 2e édition que j’ai apportée avec moi à Paris à tirage limité. Mon témoignage et mon livre ont connu un franc succès. À ce que l’on m’a dit, mon témoignage a ému beaucoup de monde et plusieurs m’ont remercié d’avoir écrit ce livre.

D : Pourquoi as-tu écrit ce livre? Quel message voulais-tu transmettre, faire comprendre?
M : Je voulais mettre l’emphase sur le fait qu’il est possible d’avoir tout oublié de sévices sexuels subis dans la famille durant l’enfance pour ne s’en rappeler que des décennies plus tard à l’âge adulte. Aussi, que les pires sévices peuvent avoir été commis par des gens qui ont des apparences irréprochables et des positions bien considérées dans la société. Et finalement et non le moindre, de ne pas avoir été secourue étant enfant, parce « supposément » personne ne s’en était rendu compte, c’est une chose, mais de ne pas être crue et comprise, voire même harcelée lorsque les souvenirs reviennent, a un impact très grave sur la santé et la vie de la victime à tous les niveaux et peut même conduire au suicide.

D : Qu’est-ce qui a été le plus difficile à écrire, à dire? Pourquoi?
M : Je ne dirais pas que cela a été difficile d’écrire. Au contraire, c’était pour moi une « délivrance » de pouvoir enfin DIRE la VÉRITÉ. J’avais enfoui cela tellement longtemps que j’avais envie de le crier, de le hurler au monde entier. Le plus difficile a été et demeure encore le manque d’intérêt au Québec de la part du monde de l’édition et des médias pour ce témoignage et pour la problématique en général, car j’ai dû finir par m’autoéditer. De voir qu’un récit qui peut aider beaucoup à y voir clair (j’ai reçu beaucoup de témoignages à cet effet) reçoive aussi peu de considération. Il aurait fallu que je sois une personnalité connue pour qu’on veuille l’éditer ou en parler dans les médias. Ou encore que je rajoute plein de détails scabreux pour qu’il fasse un ouvrage à sensation. Mais des portes sont en train de s’entrouvrir dans le monde de l’édition en France. « Nul n’est prophète en son propre pays …»

D : Tu avais occulté les agressions subies dans ton enfance. Il existe beaucoup de préjugés à cet effet… Que penses-tu de l’hypothèse des faux souvenirs?
M : Je qualifie cette théorie  de meurtrière et je n’exagère pas! Lorsque j’ai commencé à me souvenir, elle a donné des munitions à mon abuseur (mon père) pour se défendre et entraîner toute ma famille et son entourage à penser comme lui. Ma première thérapeute et moi-même avons même été harcelées sur la base de cette théorie qui, je crois, ne s’applique que dans de rares cas. C’est tellement difficile de se faire dire que les horreurs qui émergent spontanément à notre conscience sont fausses!! Surtout que je ne savais pas du tout ce qu’il m’arrivait, ne sachant pas moi-même qu’on pouvait avoir occulté. Beaucoup de professionnels que j’ai côtoyés ne m’ont pas du tout aidée, au contraire, en taxant tout de suite ce qui remontait de faux souvenirs. J’ai souffert de flashbacks émotionnels et corporels d’une violence inouïe et qui ont duré plus de 10 ans jusqu’à ce que je coupe définitivement les liens avec ma famille et « leur » théorie. Cette théorie m’a nui considérablement en mettant sans cesse un frein à la reconstitution des souvenirs nécessaire à ma guérison, car qui croire? Ce qui émergeait spontanément ou ce que disaient les personnes de ma famille, que j’aimais toujours ou des professionnels haut gradés? De quoi devenir dingue et surtout vouloir mourir. La raison pour laquelle je qualifie cette théorie de meurtrière.

D : Dans ton livre tu parles de l’automutilation, de la compulsion de répétition. Qu’est-ce? Est-ce fréquent chez des victimes d’agression sexuelle? Comment en  arrive-t-on à se faire cela?
M : La seule façon pour moi de prouver que j’avais été victime de sévices graves dès la petite enfance a été de me mettre à nu dans mon livre en décrivant tout ce que j’ai pu me faire subir à partir de l’âge de 13 ans, sans avoir aucune espèce d’idée de la raison de ce comportement. Lorsqu’on parle d’automutilation, on mentionne surtout la scarification. Or, ce dont j’ai souffert le plus a été une compulsion à répéter sur moi les sévices perpétrés par mon père de façon sadique et violente dès la petite enfance.  En cachette, dans le plus grand secret (je n’en avais jamais parlé à personne tellement j’en avais honte), je mettais en scène des scénarios sadiques qui relèvent plus de la torture sexuelle et où je jouais à la fois le rôle de l’abuseur et de l’abusée. Une façon bizarre de m’attacher en faisant passer des cordes par la vulve et en y appliquant une tension progressive. Essayer aussi de me suspendre avec ces cordes entre mes jambes. Il serait long ici de décrire pourquoi les victimes en arrivent très souvent à reproduire les sévices soit sur elles-mêmes ou sur d’autres ou encore à se remettre en situation d’être revictimisées. Dr Muriel Salmona explique la raison de ces comportements en apparence paradoxaux dans ses écrits et aussi dans la préface de mon livre. Pour résumer rapidement, la victime se fait ces choses pour faire monter son taux d’adrénaline comme lors des sévices et cette montée d’adrénaline permet de faire disjoncter le cerveau qui continue à ne pas faire de liens avec ce qui s’est passé dans l’enfance. C’est comme une drogue dont on ne peut se passer pour rester « gelée ». Dr Salmona m’a dit que beaucoup de ses patients ont ces conduites d’auto-sévices. En parler serait nécessaire pour que ces personnes ne se sentent pas complètement seules et anormales, voire folles, comme je me suis si souvent sentie et aussi qu’elles comprennent la source de ces maux.

D : Dans ton livre tu parles de tes tentatives de suicide. Étaient-ce des appels à l’aide, un désir de mettre fin à la souffrance ou véritablement de mourir?
C’était toujours un désir de mettre fin à cette douleur morale insupportable d’entendre mon père me dire qu’il m’avait toujours chérie!! Et ma mère de m’exhorter à reprendre notre « belle » vie de famille. Même lorsque j’ai écrit le livre, je pensais toujours à en finir. Je me suis dit que je ne pouvais pas partir sans avoir laissé ce témoignage. La thérapie ne suffisait pas, même si j’avais enfin rencontré une thérapeute qui pouvait vraiment m’aider. Et puis, peu à peu, la thérapie a fait son chemin, je commence maintenant à VIVRE et je n’ai plus pensé à en finir une fois mon témoignage finalisé…

D : Merci Maritée d’avoir répondu si généreusement à mes questions. Bonne chance dans tes démarches d’édition en France et bonne route!

Isabelle : Comment surfer au-dessus


PAR SONIA PELLETIER

J’ai rencontré Isabelle l’année dernière par le biais de notre implication commune au sein du Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) du KRTB. Isabelle est handicapée. Elle se déplace parfois en fauteuil, parfois en quadri porteur ou en béquilles. Pourtant, ce n’est pas ce qui m’a frappée chez elle. C’est plutôt son caractère frondeur et sa soif de défis. Malgré ses difficultés motrices, Isabelle nage et participe à plusieurs compétitions avec d’autres athlètes NON-HANDICAPÉS. Elle a également vécu une agression sexuelle. Je me considère chanceuse de la côtoyer, car elle a su m’insuffler du courage.  C’est donc avec une grande fierté que je vous présente Isabelle.

S.P. : Isabelle, c’est quoi ton incapacité ou ton handicap? D’abord, est-ce une incapacité ou un handicap?
Isabelle : C’est un handicap. Ça s’appelle la paraparésie spastique qui affecte uniquement les membres inférieurs. C’est un problème électrique à la base du cerveau qui occasionne un problème moteur. Tant que je vais faire du sport et que je vais me garder active et garder mes articulations en mouvement, il n’y a rien qui va s’arrêter.    
                                                                                                                           
S.P. : Qu’est-ce que ton handicap t’empêche de faire?
Isabelle: Ça m’empêche de courir. C’est à peu près ça. Sinon, je ne me mets pas de limites et je m’en laisse pas imposer.
 
S.P. : Tu as aussi été victime d’une agression à caractère sexuel. Peux-tu expliquer ce qui est arrivé?
Isabelle: Un ami de mon père m’a sauté dessus. C’est à peu près ce qui s’est passé. Mon père me faisait garder par un couple qu’il connaissait quand il avait des réunions le soir. C’est arrivé une soirée où la conjointe du couple en question n’était pas là.
Suivant l’agression, j’ai tenté de me suicider. Sauf que ce n’était pas très imaginatif de ma part… J’ai tenté de me suicider avec un rasoir Bic, une pioche en bon français. Quand j’ai vu que ça ne fonctionnait pas, je me suis dit que ce n’est pas lui (l’agresseur) qui aurait le dessus sur moi, mais que c’est moi qui aurait le dessus sur lui. J’en ai parlé à mon père une année ou deux après. Je me suis fait dire : « Qu’est-ce que ça va te donner de brasser de la merde? » Je me suis toujours tu pendant ces années-là. En étant déménagée ici, cet homme-là n’est plus dans mon environnement. J’ai donc toujours vécu avec ce secret-là. Ça ne fait pas des millions d’années que ma mère le sait. Je ne me suis jamais empêchée de vivre après l’agression, mais je tiens les garçons, les hommes surtout à distance.

S.P. : Est-ce que tu crois avoir été agressée parce que tu as un handicap, parce que tu es plus vulnérable?
Isabelle: Je ne crois pas que ce soit relié à mon handicap. C’est peut-être plus parce que j’étais une femme-enfant. Le corps que j’ai maintenant, je l’avais étant jeune.

S.P. : Est-ce que c’était parce que tu étais jeune?
Isabelle: Oui!
S.P.: Parce que tu te déplaces en fauteuil ou en quadri porteur, te sens-tu plus vulnérable?
Isabelle : Pas nécessairement. Les gens ne pensent pas que ce que je n’ai pas dans les jambes, je l’ai dans les bras. Moi, pour me défendre si une personne me saute dessus, je dois la ramasser par la ceinture,  la coucher par terre, m’asseoir dessus, puis la frapper tout en criant: «  Au feu! » afin qu’une autre personne appelle le 911.

S.P. : Donc… Tu as déjà suivi des cours d’autodéfense?
Isabelle: Oui. Ça fait quand même quelques années. Mais le fait de faire du sport m’a endurci la musculature du haut de mon corps.

S.P. : Ton handicap ne t’a pas empêché de faire du sport et de foncer dans la vie. Depuis quelques années, tu participes au défi amateur de la Traversée du lac Saint-Jean. Depuis quand nages-tu?
Isabelle: Depuis environ 25 ou 30 ans. Je participe seulement depuis 2003 à des compétitions. Ma première compétition a été Les Championnats canadiens des maîtres nageurs à Montréal au Centre Claude-Robillard. Quand je suis arrivée au centre d’entraînement, j’ai été impressionnée. C’était la première fois que je voyais le centre d’entraînement national. Je le voyais à la télé, mais en vrai, c’est différent.

S.P. : Excuse-moi. Est-ce qu’on parle bien du centre où s’entraînent les olympiens?
Isabelle: Oui. C’est bien là où les nageurs olympiques s’entraînent, que ce soit au niveau de la natation, du plongeon ou de la synchro. Le Club Kamo est un très très gros club. Il y a beaucoup de poulains qui vont aux Olympiques.                                                                             
Un fait à noter : je nage avec des gens qui ne sont pas handicapés. Au fil des ans, j’ai développé une endurance que les nageurs handicapés n’ont pas. Les nageurs handicapés physiques, quand ils font trois entraînements/semaine pendant une saison, ils en ont plein leur casque. Alors que pour moi, trois entraînements/semaine, c’est mon début de saison. Quand je suis dans mon « pic de saison », c’est cinq à six fois/semaine. Et la musculation n’est pas incluse là-dedans. Le fait de nager au lac Saint-Jean, en eau libre, c’est une autre affaire. C’est une autre façon de…

S.P. : C’est un autre défi?
Isabelle: Oui. C’est un autre défi. C’est juste pour relever le niveau de difficultés. Ce que j’aime, c’est de toujours entretenir le challenge, de toujours avoir du plaisir.

S.P. : Ça t’apporte quoi de participer à ce défi-là et de t’entraîner aussi intensément?
Isabelle: La grosse question! Premièrement, ça me fait quelque chose à faire. Deuxièmement, je rencontre plein de gens intéressants.

S.P. : Qu’est-ce que t’aime dans la nage?
Photo_offIsabelle: La sensation de bien-être. La sensation de liberté. Encore plus quand on est en lac. Quand je suis allée dans le fleuve Saint-Laurent cet été ou au lac Saint-Jean, c’est la même chose… En milieu naturel, c’est jamais les mêmes conditions météo. Autant pour la température extérieure que pour la température de l’eau, c’est une surprise.

S.P. : En plus de la nage, tu t’impliques au CALACS du KRTB, soit le Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel du KRTB. Qu’est-ce que tu fais là-bas?
Isabelle: Je suis membre de la collective.

S.P. : C’est quoi une collective?
Isabelle: C’est un autre mot pour dire conseil d’administration, sauf que personne n’a de titre officiel. Ce que je trouve d’intéressant avec le CALACS, c’est qu’il n’y a pas de lutte de pouvoir entre les membres.

S.P. : Isabelle, as-tu un message à envoyer aux femmes handicapées?
Isabelle: Je dirais aux femmes handicapées qui ont vécu des agressions de quelque ordre que ce soit de ne pas hésiter à venir au CALACS parce qu’elles vont trouver une paire d’oreilles et l’écoute dont elles ont besoin.

S.P. : Est-ce que tu as un message à envoyer aux femmes (en général) victimes d’agression sexuelle?
Isabelle: C’est la même chose que pour les femmes handicapées. Ne pas hésiter à s’ouvrir, ce qui leur permettra de grandir et d’évoluer pour guérir. Grandir? Malgré tout, je ne sais pas si on sort grandi de ces affaires-là. En tout cas, elles vont être capables de contrer s’il y a quelque chose d’autre qui survient  après ça. Elles vont être capables de mettre leur pied à terre et de dire : « non ».

S.P. : Merci Isabelle. Tu as été généreuse dans tes réponses.
Isabelle: Bienvenue.

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Lancement de la biographie d’Isabelle Sauvé

L’auteure Sonia Pelletier et la nageuse handicapée en eau libre Isabelle Sauvé sont heureuses de vous présenter la biographie intitulée Un fauteuil sur le quai. L’ouvrage a été lancé à la Maison de la culture de Rivière-du-Loup, le 14 février dernier. Celui-ci relate la vie et la carrière sportive de la nageuse.

Malgré une paralysie légère des membres inférieurs ainsi que des troubles neurologiques, Isabelle Sauvé nage depuis de nombreuses années. Elle a participé à plusieurs compétitions de natation, tels les Championnats canadiens des maîtres nageurs où elle a remporté une première place au 100 mètres libres dans sa catégorie d’âge en 2003. Elle a également gagné la médaille du courage pour sa participation au Défi amateur de la Traversée internationale du lac Saint-Jean la même année. 

Isabelle Sauvé a fait équipe avec Sonia Pelletier, auteure et rédactrice Web, pour produire sa biographie. Un fauteuil sur le quai a été tiré à 200 exemplaires dont presque la totalité a déjà été vendu. L’auteure et la nageuse pensent à une réédition.

Pour se procurer Un fauteuil sur le quai, prière d’écrire à l’auteure : pelletier_sonia@hotmail.com.

mercredi 13 avril 2011

UNE MARCHE POUR LES VICTIMES D'AGRESSION SEXUELLE

Josianne Desjardins
10/04/2011 17h00

Photo: Joël Lemay

Quelque 200 personnes ont participé à une marche de sensibilisation à Montréal dimanche afin de réclamer plus de ressources pour les victimes d’agression sexuelle.
Pour Alain Jobidon, directeur du Centre de ressources et d'interventions pour hommes agressés sexuellement dans l'enfance (CRIPHASE), les instances gouvernementales devraient davantage investir pour la justice et la guérison de ces victimes.
« Il faut être fait fort pour dénoncer un crime sexuel et l’aide psychologique est nécessaire pour les supporter dans cette démarche », estime M. Jobidon.
Martine Vignola, une participante à la marche qui a été victime d’abus sexuels, est aussi de cet avis.
« Il est important de briser le silence et de dénoncer, mais il faut tous se tenir debout pour y arriver », clame-t-elle, la voix tremblotante.
M. Jobidon rappelle qu’une cinquantaine d'organismes au Québec viennent en aide à ces victimes et qu’un seul soutient les hommes agressés sexuellement.
« Il n’y pas de ressources pour ces hommes qui, généralement, décident de parler après 40 ans », souligne-t-il.
Un homme sur six sera victime d’agression sexuelle au cours de sa vie et une femme sur trois a été victime d’au moins une agression sexuelle depuis l’âge de 16 ans.
Poursuivre son agresseur
Le CRIPHASE réclame aussi la possibilité de poursuivre son agresseur au civil plus de trois ans après avoir subi une agression sexuelle.
« C’est un non-sens qu’il soit pratiquement impossible après trois ans de poursuivre l’agresseur pour être indemnisé », proteste M. Jobidon.
Actuellement, le Québec est la seule province canadienne à disposer d’une prescription de trois ans en matière civile pour les victimes d'actes criminels.
L’organisme réclame donc l’abolition de cette loi qui oblige la victime à entamer une poursuite dans les trois ans qui suivent la date où le dommage a été causé.
josianne.desjardins@24-heures.ca


Dès l’âge de 16 ans
Une femme sur trois est victime d’une agression sexuelle
Première publication 10 avril 2011 à 18h20



Crédit photo : Agence QMI
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Par Josianne Desjardins | Agence QMI
Environ 200 personnes ont réclamé dimanche plus de ressources pour les victimes d'agression sexuelle lors d'une marche de sensibilisation à Montréal.
Pour Alain Jobidon, directeur du Centre de ressources et d'interventions pour hommes agressés sexuellement dans l'enfance (CRIPHASE), les instances gouvernementales devraient davantage investir pour la justice et la guérison de ces victimes.
«Il faut être fait fort pour dénoncer un crime sexuel et l'aide psychologique est nécessaire pour les supporter dans cette démarche», a estimé M. Jobidon.
Martine Vignola, qui a elle-même été victime d'abus sexuels, est du même avis. «Il est important de briser le silence et de dénoncer, mais il faut tous se tenir debout pour y arriver», a-t-elle dit la voix tremblotante.
M. Jobidon a rappelé qu'une cinquantaine d'organismes au Québec viennent en aide à ces victimes et qu'un seul seulement apporte du soutien aux hommes agressés sexuellement.
«Il n'y pas de ressources pour ces hommes qui, généralement, décident de parler après 40 ans», selon lui.
Un homme sur six est victime d'agression sexuelle au cours de sa vie et une femme sur trois est victime d'au moins une agression sexuelle depuis l'âge de 16 ans selon le CRIPHASE qui réclame la possibilité de poursuivre son agresseur au civil plus de trois ans après les faits.
«C'est un non-sens qu'il soit pratiquement impossible après trois ans de poursuivre l'agresseur pour être indemnisé», a protesté M. Jobidon.
Actuellement, le Québec est la seule province canadienne à disposer d'une prescription de trois ans en matière civile pour les victimes d'actes criminels.
L'organisme réclame donc l'abolition de cette loi qui oblige la victime à entamer une poursuite dans les trois ans qui suivent la date où le dommage a été causé. D'ailleurs, le CRIPHASE estime que 90 % des agressions sexuelles ne sont pas déclarées à la police.
Source : http://tvanouvelles.ca/lcn/infos/regional/archives/2011/04/20110410-182023.html
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Marche 2010

Agressions sexuelles Québec intensifie la lutte

Québec accentue les efforts pour lutter contre les agressions sexuelles. La ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Christine St-Pierre, a présenté jeudi un plan de cinq ans pour prévenir les agressions sexuelles et aider les victimes.

En tout, le plan comprend une centaine de mesures, dont 65 nouvelles. Il s'articule autour de quatre grands axes, soit la promotion des valeurs fondamentales, la prévention des agressions sexuelles, le dépistage en matière d'agression sexuelle et l'intervention psychosociale, médicale, judiciaire et correctionnelle. Le gouvernement entend investir 60 millions de dollars entre 2008 et 2013 pour mener à bien son plan.

Parmi les nouvelles mesures annoncées, mentionnons l'ouverture d'une ligne 1-800 accessible en tout temps, qui permettra d'orienter les victimes vers les services d'aide disponibles. Québec veut aussi rouvrir un centre pour délinquants sexuels. Le gouvernement souhaite également intensifier l'adaptation de la pratique policière à la cybercriminalité.

Parmi les mesures qui étaient déjà annoncées, mentionnons la campagne de sensibilisation aux agressions sexuelles qui circule actuellement dans les médias.

Selon la ministre St-Pierre, il est important de poursuivre les efforts de lutte contre les agressions sexuelles, car de plus en plus de victimes osent maintenant briser le silence et dénoncer leur agresseur, mais il faut leur donner encore plus de ressources.

Le Regroupement québécois des centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel est relativement satisfait du nouveau plan d'action gouvernemental en matière d'agressions sexuelles. Selon les centres d'aides, le nouveau plan tient compte de catégories de victimes les plus vulnérables et les plus difficiles à joindre, c'est-à-dire les femmes âgées, handicapées ou membre de communautés culturelles ou encore les femmes autochtones.


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Brisons le silence...pour que ça cesse - Vaste campagne gouvernementale sur les agressions sexuelles
 
Brisons le silence...pour que ça cesse.
Vaste campagne gouvernementale de sensibilisation sur les agressions à caractère sexuel

QUÉBEC, le 31 mars - Le gouvernement du Québec lance cette semaine une importante campagne conçue pour sensibiliser la population québécoise à la problématique des agressions à caractère sexuel. Sous la responsabilité conjointe du ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine et du ministère de la Justice, en collaboration avec huit autres ministères, cette campagne, une première au Québec, vise à faire connaître la situation réelle en ce qui a trait aux agressions sexuelles et à leurs conséquences pour les personnes qui en sont victimes.

"Toute la population doit en savoir davantage sur cette problématique qui porte atteinte aux droits fondamentaux des personnes qui en sont victimes et entraîne des conséquences pour chacune d’elles", a déclaré la ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Mme Christine St-Pierre.

"Les agressions sexuelles sont criminelles. En 2005, selon les données du ministère de la Sécurité publique, il y a eu en moyenne 16 agressions sexuelles par jour qui ont été déclarées à la police ; on estime par ailleurs qu’à peine le cinquième des agressions sexuelles qui sont commises font l’objet d’une plainte à la police. Par cette campagne de sensibilisation, nous visons à briser ce silence", a précisé le ministre de la Justice, M. Jacques Dupuis.

Cette campagne représente une des mesures qui découlent des Orientations gouvernementales en matière d’agression sexuelle, lesquelles visent à prévenir, dépister et contrer les agressions sexuelles. Le Rapport sur la mise en oeuvre des engagements gouvernementaux 2001-2006 en matière d’agression sexuelle fait état de résultats positifs. Parmi ceux-ci, soulignons notamment la consolidation des 62 centres désignés du réseau de la santé et des services sociaux qui offrent des services aux adultes et aux enfants victimes d’une agression sexuelle.

Une campagne de sensibilisation de grande envergure

Dotée d’un budget de 1,3 million de dollars, la campagne se poursuivra au-delà de la Semaine nationale de sensibilisation aux victimes d’actes criminels, qui se déroule du 12 au 19 avril prochain. Parmi les moyens mis en oeuvre, mentionnons la diffusion de messages télévisés et des moyens qui ciblent plus spécifiquement les jeunes, notamment par l’entremise, de Vrak.TV, de Musique Plus et de Zoom Média. "Cette campagne va droit au but, par des messages sans équivoque sur la dure réalité des agressions sexuelles. Toutefois, elle le fait sans artifice, et trace avec justesse le portrait de la situation. Je suis persuadée que cette campagne contribuera à ce que la population brise le silence pour mettre un terme à cette triste réalité", a conclu Mme St-Pierre.

Les personnes qui désirent obtenir aide, information et référence peuvent le faire en téléphonant au 1 866 LE CAVAC (532-2822) ou en consultant le site Web www.BrisonsLeSilence.com.


Mis en ligne sur Sisyphe, le 1er avril 2008